ADN synthétique : l’avenir du stockage de données ?
Dans le cadre de l’ACM International Conference on Architectural Support for Programming Languages and Operating Systems, des chercheurs de l’Université de Washington sont parvenus à stocker l’équivalent du contenu de 600 smartphones dans une goutte d’ADN synthétique. Par ailleurs, Microsoft vient d’acheter 10 millions de brins de cette molécule artificielle auprès de Twist. Face à l’augmentation exponentielle du volume global de données, ce support de stockage compact et durable représente peut-être l’avenir du stockage.
À l’ère du "tout numérique", résoudre l’équation entre capacité de stockage et quantité des données à sauvegarder est LE défi à relever. Jusqu’à présent, la solution passe par la mise en place de data centers, des centres de données, c'est à dire des centres de stockage grands comme des terrains de foot où des serveurs informatiques permettent de sauvegarder les données numériques du monde entier. Le hic, c’est que ces serveurs sont énergivores et leur technologie, aussi moderne soit elle, n’a pas une durée de vie illimitée.
A l’avenir, de l’ADN synthétique pourrait offrir la technique de stockage rêvée. De l’ADN dans quelques gouttes de liquide pourrait suffire pour conserver des quantités gigantesques de données. L’Union européenne a misé sur cette technologie. source RTBF
En 1956, il y a tout juste 60 ans, IBM présentait le tout premier disque dur. Cet imposant dispositif offrait une capacité de stockage de 5 Mo, soit à peu près la taille d’un fichier MP3. Depuis, les technologies de stockage ont évolué à un rythme effréné.
Lorsque IBM produisit le premier disque dur le 13 Septembre 1956, peu de personnes imaginaient l'impact que cela aurait plus de 50 ans plus tard sur nos vies quotidiennes. Le RAMAC ("Random Access Method of Accounting and Control") mesurait la taille de 2 réfrigérateurs et pesait une tonne.
Aujourd’hui, il est possible d’entreposer toute l’histoire de l’humanité sur une simple puce de silicone. En février dernier, des scientifiques de l’Université de Southampton étaient parvenus à stocker la bible sur un disque dur 5D de 1 cm de diamètre, doté d’une capacité de conservation estimée à 14 milliards d’années.
À l’heure actuelle, la majorité des entreprises et des consommateurs stockent leurs données sur le Cloud, grâce aux serveurs des Data Centers. Bien que pratique et malléable, cette technologie moderne pose encore des problèmes, notamment en termes de consommation d’énergie, d’espace nécessaire et de sécurité. Face à ces limites, les grandes entreprises réfléchissent encore à de nouveaux supports de stockage.
La nature est bien faite
La solution la plus viable pour le futur pourrait bien être à chercher du côté de la nature. Depuis la nuit des temps, cette dernière permet aux humains et à toutes les formes de vie de garder en mémoire le passé de leurs espèces grâce à une molécule aussi compacte que durable : l’ADN.
Après de longues années de recherche, il est désormais possible de synthétiser cette molécule et de s’en servir pour stocker toutes sortes de données numériques. Une seule goutte d’ADN synthétique est capable de contenir 10000 Go pendant au moins 500 ans.
Dans le cadre de l’ACM International Conference on Architectural Support for Programming Languages and Operating Systems, des chercheurs de l’Université de Washington en ont fait la démonstration en encodant puis décodant l’équivalent du contenu de 600 smartphones en images, fichiers audio et vidéo dans une goutte d’ADN.
Qu’est-ce que l’ADN synthétique ?
Le véritable ADN est un acide nucléique qui se compose de paires de bases azotées nommées adénine, guanine, cytosine et thymine. Pour s’en servir comme support de stockage, les chercheurs sont parvenus à synthétiser cette molécule et à encoder les données numériques sous forme de bases azotées. Ces données peuvent ensuite être décodées par un ordinateur.
Théoriquement, un millimètre cube suffit à stocker 1 milliard de Go de données. Par conséquent, 16000 millimètres cubes suffiraient à stocker toutes les données numériques mondiales.
Microsoft achète 10 millions de brins
Dans le but de pérenniser les données stockées dans ses Data Centers sans avoir à changer les disques durs après quelques années, Microsoft s’intéresse de près à cette nouvelle technologie. La firme vient de réserver 10 millions de brins d’ADN synthétiques personnalisés auprès de Twist Bioscience. La firme se charge de convertir les données transmises par Microsoft sous forme de nucléotides.
Selon un communiqué de Twist Bioscience, les premiers essais se sont bien passés. Les données ont été encodées et décodées sans difficulté. Cependant, cette solution est encore loin d’être démocratisée, notamment à cause de son coût.
Si l’encodage des données est relativement abordable, le séquençage de l’ADN est plus onéreux. En 2003, après 10 ans de travaux, le génome humain avait été entièrement séquencé pour 3 milliards de dollars. Aujourd’hui, cette opération ne coûterait plus que 1000 dollars. Malgré cette baisse de prix, le tarif pose encore problème à l’échelle d’une grande entreprise.
Lorsque les coûts auront suffisamment diminué, l’ADN synthétique pourrait bel et bien devenir le support de stockage du futur.
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