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  • Photo du rédacteurJoseph Polidori & Alexia Pierre-Pont

DOSSIER DU WEEK-END : STATUE DE LA LIBERTÉ, SON HISTOIRE

La statue en bronze trône désormais dans le jardin de la résidence de l'ambassadeur de France aux États-Unis, après un transit qui l'a vu passer non loin de Liberty Island, au sud de Manhattan, où est érigée l'œuvre monumentale « La Liberté éclairant le monde »


 
Exécutée à Paris par le sculpteur Bartholdi avec la collaboration de Gustave Eiffel pour la charpente métallique, la statue colossale de la Liberté éclairant le monde fut offerte par la France pour le centenaire de l'indépendance des États-Unis. Inaugurée en 1886, elle a accueilli depuis lors à l'entrée du port de New York des millions d'immigrants venus peupler les États-Unis
 

Valeur universelle exceptionnelle

Brève synthèse

La Statue de la Liberté, immense statue creuse constituée de fines plaques de cuivre repoussé sur une carcasse en acier, se dresse sur une île à l’entrée du port de New York. Elle fut conçue à Paris par le sculpteur français Frédéric Bartholdi en collaboration avec l’ingénieur français Gustave Eiffel, et fut offerte par la France pour le centenaire de l’indépendance américaine en 1876. Sa conception et sa construction ont été reconnues à l’époque comme l’une des grandes prouesses techniques du XIXe siècle, saluée comme associant l’art à la technique. Du haut de son piédestal conçu par l’architecte américain Richard Morris Hunt, la statue a accueilli des millions d'immigrants aux États-Unis depuis son inauguration en 1886.

La statue est un chef-d’œuvre de la statuaire colossale qui renouvela son expression au XIXe siècle, inspirée de l’antiquité mais dans le contexte de l’Art Nouveau. Se référant à des éléments et une iconographie classiques, elle exprime des aspirations modernes. La structure interne en acier est un formidable ouvrage de construction complexe, symbole avant-coureur de l’avenir de l’ingénierie, de l’architecture et de l’art, notamment avec l’utilisation massive de béton dans son piédestal, la construction de type mur-rideau qui soutient la couche extérieure et l’utilisation de l’électricité pour éclairer la torche. Édouard René de Laboulaye a collaboré avec Bartholdi pour la conception de la statue afin d’incarner l’amitié internationale, la paix, le progrès et, plus spécifiquement, l’alliance historique entre la France et les États-Unis. Le financement par souscription internationale a également joué un rôle significatif. Parmi les symboles extrêmement forts de sa conception se trouve la Déclaration d’indépendance des États-Unis que la statue brandit dans sa main droite, ainsi que les chaînes brisées sur lesquelles elle pose le pied.

 
Critère : Cette statue colossale est un chef-d’œuvre de l’esprit humain. La collaboration entre le sculpteur Bartholdi et l’ingénieur Eiffel a abouti à la production d’une merveille technologique associant l’art et la technique de manière à la fois novatrice et puissante.
 
La valeur symbolique de la Statue de la Liberté réside dans deux facteurs essentiels.

Elle a été présentée par la France dans l’intention d’affirmer l’alliance historique entre les deux pays. Elle a été financée par souscription internationale pour reconnaître l’établissement des principes de liberté et de démocratie par la Déclaration d’indépendance des États-Unis, que la Statue tient dans la main gauche. La Statue est aussi rapidement devenue et demeure un symbole de l’arrivée d’immigrants de nombreux pays aux États-Unis à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Elle reste un symbole extrêmement fort – inspirant la méditation, le débat et la contestation – d’idéaux comme la liberté, la paix, les droits de l’homme, l’abolition de l’esclavage, la démocratie et la chance.

 

Intégrité

 


Dans les limites du bien se trouvent tous les éléments nécessaires pour comprendre et exprimer la valeur universelle exceptionnelle de la Statue de la Liberté. La statue est entretenue depuis sa construction et n’a pas subi de modification majeure. Les déformations liées à l’interaction galvanique des métaux a été corrigée par des travaux importants entrepris pour son centenaire en 1986, en particulier la reproduction à l’identique de la torche, dont l’original est aujourd’hui conservé au musée. Des adaptations techniques ont été apportées aux systèmes mécaniques et de sécurité.

Le bien, d’une superficie de 5,95ha, est d’une taille suffisante pour permettre une représentation complète des caractéristiques et des processus qui expriment l’importance de ce bien, et ne souffre pas d’effets négatifs dus au développement et/ou à l’abandon. Le bien ne possède pas de zone tampon officielle, mais son implantation sur une île dans un cadre urbain offre une protection équivalente. Le bien, qui occupe la totalité de l’île de la Liberté, abrite aussi plusieurs structures administratives.

 

Authenticité

 

La Statue de la Liberté est authentique du point de vue de son site et de son environnement, de sa forme et de sa conception, de ses matériaux et substances, de son usage et de sa fonction, de son esprit et des sentiments. La conception et l’objectif de la statue ont été préservés depuis sa construction. La structure interne en acier soutenant la peau de métal a été remplacée en 1986 par de l’acier inoxydable qui ne subira pas de corrosion. Toutes les réparations ont été réalisées dans le plus grand respect de la conception et des matériaux d’origine. Les mises à jour périodiques de la sécurité, de la circulation et de la mécanique n’ont pas affecté les valeurs structurales et symboliques du monument et ont été réalisées dans le but d’assurer la sécurité des visiteurs. Il existe un programme formel de suivi du bien. Les menaces connues et potentielles pesant sur l’authenticité du bien sont la pollution, les intempéries et le grand nombre de visiteurs.

 

Eléments requis en matière de protection et de gestion

 

La Statue de la Liberté est la propriété du gouvernement des États-Unis d’Amérique. La statue a été classée Monument national en 1924 (le Monument national comprend en outre Liberty Island [1937] et Ellis Island [1965]), et elle est gérée par le service des parcs nationaux. Ces mesures lui confèrent le plus haut niveau possible de protection. Le plan de gestion global actuel (1982), qui traite de la préservation physique et de l’interprétation, a été complété ces dernières années par une étude globale sur la sécurité des personnes et la gestion des urgences (2009), dont les recommandations ont été appliquées. La statue reçoit un grand nombre de visiteurs, elle dispose d’un personnel important ainsi que d’équipements qui comprennent un centre d’information des visiteurs, un musée de l’histoire de la statue et le musée de l’Immigration sur Ellis Island. L’accès par ferry comporte des dispositifs de contrôle des visiteurs ; la sécurité du bien est une préoccupation constante.

Pour conserver la valeur universelle exceptionnelle du bien dans la durée, il conviendra de poursuivre le suivi et la gestion des menaces connues et potentielles, notamment la pollution, les intempéries et le grand nombre de visiteurs

 

28 octobre 1886 - La Liberté éclaire le monde

 
Herodote.net - André Larané – 26 oct 2016 / GEO - Anne Daubrée – 02 oct 2018

.

Le 28 octobre 1886, « La Liberté éclairant le monde » est inaugurée dans la liesse, à l'entrée du port de New York, par le président des États-Unis Stephen Grover Cleveland.


C'est la plus colossale statue jamais construite (46 mètres de haut et 93 avec le piédestal). Elle est l'oeuvre du sculpteur français Frédéric-Auguste Bartholdi.


Ce cadeau de la France aux États-Unis célèbre l'amitié franco-américaine sur une idée du juriste Édouard Laboulaye. Il a été financé par une souscription publique des deux côtés de l'Atlantique et grâce à une active campagne de presse du journaliste américain Joseph Pulitzer.


© Library of Congress


. Le soir du 21 avril 1865, l’heure est à la fête chez Edouard de Laboulaye. Dans sa demeure provinciale de Gatigny, commune de la Lorraine située à 12 kilomètres de Metz, ce professeur de droit au Collège de France et ardent promoteur du système politique américain a convié ses amis libéraux à célébrer la victoire de l’Union sur les sécessionnistes du sud des Etats-Unis. Toutefois, un malaise gâche l’ambiance. Napoléon III a pris le parti des sudistes afin de conforter sa position au Mexique qui fait l’objet d’une intervention française depuis 1862. Comment dire aux unionistes que les Français partagent malgré tout leurs valeurs ?


Edouard de Laboulaye a une idée : ériger, aux Etats-Unis, un monument avec « un travail commun de nos deux nations ». Parmi les convives, un certain Frédéric-Auguste Bartholdi, 31 ans, écoute les paroles du professeur. Ce sculpteur prometteur, issu d’une famille alsacienne aisée, est séduit par un tel projet. Reste à savoir comment mettre en place une telle opération et à quoi pourrait bien ressembler ce monument singulier. Il faudra attendre une dizaine d’années avant que l’idée ne prenne réellement forme.


Les relations entre la France et les Etats-Unis deviennent tendues lorsque, en juillet 1870, l’Amérique choisit de soutenir la Prusse dans le conflit déclenché par Napoléon III. Pour autant, Bartholdi ne renonce pas à son dessein. L’Alsacien souhaite alors utiliser ses croquis « égyptiens » pour concevoir un équivalent new-yorkais. En 1871, il s’exile aux Etats-Unis, fuyant Colmar, sa ville natale occupée par les armées prussiennes de Bismarck, et la Commune, dont il réprouve la violence. Dans ses bagages, il emporte deux modèles de statues et des lettres d’introduction d’Edouard de Laboulaye.


 

Auguste Bartholdi, républicain et patriote

 

Né le 2 août 1834 à Colmar, en Alsace, dans une famille de notables protestants, Auguste Bartholdi peut donner libre cours à ses penchants artistiques grâce à la bienveillance de sa mère Charlotte qui ne cessera jamais de l'épauler.


Auguste Bartholdi par Nadar vers 1875. - Gallica


Il a à peine 20 ans quand il inaugure sa carrière de sculpteur avec la statue du comte Jean Rapp, un général de Napoléon 1er originaire comme lui de Colmar.


Déjà s'affirme son goût pour le gigantisme avec cette statue à laquelle, de sa propre initiative, il donne une taille deux fois supérieure à la taille humaine.


En dépit de la bienveillance du Second Empire à son égard, Bartholdi ne cache pas ses convictions républicaines, ce qui lui vaut de nouer une relation amicale avec le professeur de droit Édouard Laboulaye (1811-1883), dont il réalise le buste en 1866.


À ce moment-là vient de se terminer aux États-Unis la guerre de Sécession. L'enthousiasme de Laboulaye, partisan des abolitionnistes, est à son comble.


Lors d'une soirée à laquelle est invité le jeune Bartholdi, il lance l'idée d'un monument qui scellerait l'amitié entre les peuples français et américain. Bien entendu, ce monument serait inauguré à l'occasion du centenaire de la Déclaration d'Indépendance, soit en 1876 ! ...

 

Suez avant New-York

 

. En attendant, il faut composer avec un régime qui n'a pas de sympathie particulière pour la démocratie américaine.

Auguste Bartholdi, comme beaucoup d'artistes et d'intellectuels de son temps, cède à l'égyptomanie. Il visite les bords du Nil et rencontre Ferdinand de Lesseps, maître d'oeuvre du futur canal de Suez.

Il lui suggère d'ériger à l'entrée du canal une statue monumentale à l'image du colosse de Rhodes, mais qui serait, elle, conçue pour durer des siècles.


Son projet prend l'allure d'une paysanne égyptienne qui brandit une torche, avec une majesté toute antique. Malheureusement, il n'a pas l'heur de plaire au vice-roi d'Égypte Ismaïl Pacha et Bartholdi revient à Paris avec la maquette en terre cuite dans sa malle.


Arrive la guerre franco-prussienne. Patriote, le sculpteur de 36 ans sert comme chef d'escadron et aide de camp de Giuseppe Garibaldi dans l'armée des Vosges.


Tandis que la France est encore sous le coup de la défaite, Édouard Laboulaye, devenu député républicain, se montre plus que jamais convaincu de l'utilité du monument à la Liberté. Il suggère à son ami de se rendre aux États-Unis pour tâter le terrain.


Dès son arrivée dans la rade de New York, à l'automne 1871, Bartholdi repère l'emplacement idoine pour son futur monument, lequel serait inspiré de la paysanne à la torche qui devait ouvrir le canal de Suez.


C'est l'île de Bedloe, un îlot au milieu de l’Hudson à l’embouchure du chenal menant au port de New York (rebaptisée Liberty Island en 1956). Elle est visible de tous les arrivants de l'Ancien Monde et offre un point de vue à la fois sur le grand large et la cité. (Cette île, propriété du gouvernement fédéral, est administrée par le National Park Service, qui la considère comme une juridiction de l’Etat de New York. Mais elle est en réalité implantée dans les eaux territoriales du New Jersey. Une source interminable de dispute entre les deux Etats.)


Laboulaye et Bartholdi ont dans l'idée que le monument, d'un coût de 250.000 dollars (une somme colossale pour l'époque), soit financé par souscription, pour moitié par le peuple français et par le peuple américain, le premier se réservant la statue et le second le piédestal.

Bartholdi rencontre à cette fin le président Ulysses S. Grant, des sénateurs, des industriels et des journalistes. Mais ses interlocuteurs qui assimilent la liberté française au radicalisme de la Commune, se méfient de cette statue venue de l’Hexagone et demeurent très réservés à l'égard du projet... Tout comme d'ailleurs les élus et les notables français qui penchent majoritairement pour une restauration de la monarchie et en veulent surtout aux Américains d'avoir soutenu la Prusse dans la précédente guerre.


En attendant que la situation se débloque, Bartholdi s'attelle à une commande publique destinée à rappeler le siège héroïque de Belfort en 1870-1871. Ce sera le Lion de Belfort, une sculpture monumentale (on ne se refait pas) en granit des Vosges, adossée à la colline qui surplombe la ville.

 

Course d'obstacles

 

. Enfin, l'horizon se dégage : le régime politique bascule en janvier 1875 vers la République. Le projet de statue recueille désormais les faveurs de l'opinion mais le temps presse.

Laboulaye, qui a de la suite dans les idées, fonde un Comité de l'union franco-américaine, composé de modérés et de personnalités républicaines comme Hippolyte de Tocqueville, frère d’Alexis, l’auteur de De la démocratie en Amérique (1835 et 1840), en vue de lever des fonds : 400.000 francs de l’époque (2 millions de dollars actuels, soit 1,6 million d’euros) sont jugés nécessaires pour débuter le chantier.

Au mois de novembre, un somptueux gala est organisé dans la grande galerie du Louvre. La plupart des journaux modérés relayent la campagne de souscription. Bilan : 40 000 francs collectés. Et en sus, l’adhésion d’Elihu Washburne, ambassadeur américain en France, qui parvient à convaincre le Congrès de faire de Bedloe’s Island la terre d’accueil de la statue. Charles Gounod compose pour les généreux donateurs, à l'Opéra de Paris, un Hymne à la Liberté éclairant le monde. On leur offre aussi deux cents modèles réduits de la future statue.

Maquette en plâtre de la statue de la Liberté. Musée des Arts et Métiers, Paris - Wikimedia Commons

. Auguste Bartholdi reçoit le concours d'une sommité du patrimoine en la personne d'Eugène Viollet-le-Duc. Celui-ci prescrit une peau composée de plaques de cuivre modelées par martelage sur des formes en plâtre. L'ensemble doit être monté sur une armature métallique, stabilisée par un remplissage en sable.


La fabrication peut commencer dans les ateliers de la société Monduit, Gaget, Gauthier et Cie, rue de Chazelles, au nord de Paris. Elle mobilisera jusqu'à six cents ouvriers.

Mais il est devenu illusoire d'inaugurer la statue pour le centenaire de l'indépendance américaine. À tout le moins, Laboulaye et Bartholdi veulent profiter de l'Exposition universelle de Philadelphie de 1876 pour sensibiliser l'opinion américaine à leur projet.

Ils accélèrent le montage du bras droit et de sa torche afin de pouvoir les présenter sur place ! le sculpteur profite alors de l’invitation de l’Union League Club pour exposer la main et le flambeau à Philadelphie La pièce arrivera après la célébration de l'Independence Day (04 juillet 1876) mais elle n'en recueillera pas moins un très vif succès auprès du public. Aux visiteurs qui s’enthousiasment, il entreprend de vendre photographies, lithographies, statuettes et même des fragments de métal extraits de la statue. Grâce à une première collecte de fonds, on met à l'étude le piédestal. Il est confié à un architecte de renom, Richard Morris Hunt, qui a déjà conçu le Metropolitan Museum de New York.


La torche est la première pièce achevée par les ouvriers, en 1876, dix ans avant l'inauguration de la Statue de la Liberté.


Comme les fonds manquent aussi pour la réalisation de la statue, Laboulaye présente une reproduction grandeur nature de la tête à l'Exposition universelle de Paris, en 1878.


Exposition universelle de 1878 à Paris. - Wikimedia Commons

Les visiteurs, impressionnés et séduits, souscrivent en masse et l'année suivante, le financement est bouclé avec plus de cent mille donateurs.


Montage dans les ateliers de « plomberie et cuivrerie d’art » Monduit, Gaget, Gauthier et Cie.

Mais un nouveau coup du sort frappe le projet : Viollet-le-Duc décède à 65 ans, emportant dans la tombe les principes de montage. Bartholdi se tourne alors vers Gustave Eiffel (47 ans), un ingénieur et chef d'entreprise qui est en train de se bâtir une réputation internationale grâce à sa maîtrise des structures en acier.


À l'opposé de Viollet-le-Duc, il conçoit une charpente métallique légère qui, tel le roseau de la fable, saura résister aux plus violentes tempêtes en pliant et en se déformant. Il palliera les décharges électriques aux endroits où le fer entre en contact avec le cuivre par des tissus recouverts d’amiante en guise d’isolant.


Dernier coup du sort : Laboulaye décède à son tour le 25 mai 1883. Bartholdi porte désormais le projet sur ses seules épaules. Il invite le populaire Ferdinand de Lesseps à remplacer Laboulaye à la présidence du comité. Du président de la République, Jules Grévy, à Victor Hugo, qui qualifie la statue enfin terminée de « gage de paix permanent », les personnalités défilent pour la voir avant qu’elle ne soit officiellement présentée à l’ambassadeur américain Levi Morton, le 04 juillet 1884, pour ensuite être démontée. Les 350 pièces sont alors rangées et numérotées dans 214 caisses. Direction la baie de New York.


La Statue de la liberté, rue de Chazelle (1884 )


 

Le peuple américain se mobilise à son tour

 

. Depuis 1877, les soutiens américains – avec l’Union League Club – s’efforcent tant bien que mal de réunir de quoi financer le socle, mais il reste bien difficile de convaincre les élites d’ouvrir leurs portefeuilles pour ce sculpteur français, Bartholdi, trop peu connu aux Etats-Unis. Le comité n'arrive pas à recueillir les fonds pour l'achèvement du piédestal.


. Cependant, Auguste Bartholdi n'a pas attendu pour envoyer la statue à New York. De Paris à Rouen, la statue déboulonnée est transportée par chemin de fer. Elle entreprend ensuite la traversée de l’Atlantique à bord de la frégate Isère, armée par le gouvernement français, où embarquent la famille Bartholdi, les époux Gaget et une équipe de douze ouvriers affectée au démontage et à la reconstruction du colosse. Après avoir affronté plusieurs tempêtes en plein océan, le bateau est accueilli en fanfare dans le port de New York le 17 juin 1885.

Mais les caisses resteront scellées sur le sol américain pendant un an ! Sur Bedloe’s Island, les fondations et le piédestal ne sont hélas pas achevés lors de l’arrivée de la statue démontée.


Pulitzer

. Alors se lève, en mars 1885, un sauveur inattendu, Joseph Pulitzer. Né en Hongrie en 1847, ce jeune immigré devenu le patron du New York World, a inventé la presse populaire à scandale. Il multiplie les campagnes de presse en faveur du projet. Auguste Bartholdi le soutient en proposant des statuettes à un ou cinq dollars. C'est un succès. En cinq mois, les dons, généralement modestes, affluent. Le financement est enfin bouclé avec 100.000 dollars supplémentaires offerts par 120.000 donateurs dont les noms sont tous imprimés dans le journal.



L’architecte américain Morris Hunt dessina les plans du socle de la statue, qui s’inspire du phare d’Alexandrie. La construction débuta en octobre 1883, et la dernière pierre fut posée le 22 avril 1886. - Wikimedia Commons

. Dès la fin de l’année, la construction du piédestal est enfin sur le point de s’achever. Sur Bedloe’s Island, les ouvriers s’attellent à l’assemblage de la statue, se suspendant à sa carcasse tels des alpinistes, le vent interdisant la mise en place d’un échafaudage.


Le montage de la statue dura deux ans et huit mois. Les Parisiens qui habitaient à proximité ont pu observer les différentes étapes de la construction, de la mise en place des échafaudages à la pause du dernier rivet à plus de 46 mètres de hauteur. - Wikimedia Commons


. Le 28 octobre 1886, Frédéric Auguste Bartholdi assiste, ému, à l’inauguration de la statue, entouré d’un million d’Américains en liesse. Gaget, lui, a eu l’idée de fabriquer des petites répliques qu’il offre aux passants. Un immense succès… qui serait à l’origine du mot « gadget ». Pompiers, enfants et soldats défilent dans les rues pavées où des milliers de drapeaux français et américains sont agités avant que le président des Etats-Unis, Grever Cleveland – qui s’était un temps opposé au financement du projet – ne prononce un discours solennel. En ce jour décrété férié, un vent de liberté souffle au-dessus de New York

 

Un mythe américain

 

. Sa torche levée vers le ciel dissipe les ténèbres ; « la Liberté éclairant le monde » est chargée d'une symbolique simple et accessible à tous. La statue tient dans sa main gauche une tablette où l'on peut lire « July 4th, 1776 » (Déclaration d'indépendance des États-Unis). Les chaînes brisées, à ses pieds, rappellent l'abolition de l'esclavage. Les sept rayons de sa couronne sont censés représenter les sept océans et continents de la Terre tels qu’on les comptait à l’époque. La couronne, enfin, comporte 25 fenêtres qui figurent autant de joyaux et d'où les visiteurs peuvent contempler la baie de New York.

Pour le corps de sa statue, le sculpteur a pu choisir comme modèle Jeanne-Émilie Baheux de Puysieux, une ancienne couturière devenue sa maîtresse et qu'il a dû épouser en catastrophe en 1875, lors d'un voyage aux États-Unis, pour ne pas heurter ses donateurs potentiels.

Quant au visage, a-t-il les traits de Charlotte la mère de l'artiste? d'une prostituée? d'une Communarde?... Peut-être après tout Bartholdi s'est-il contenté de reprendre les traits hiératiques, sévères et somme toute sereins d'une Athéna antique.

La statue, son visage, sa gestuelle, son drapé n'ont rien de sentimental ou d'érotique. Mais qu'importe. Inaugurée à la veille de la grande vague d'immigration qui a vu débarquer à New York des millions d'Européens chassés par l'oppression et la misère, elle est devenue le visage de l'Amérique rêvée et de la Liberté.


C'est elle que les manifestants de la place Tien An Men, en 1989, ont reproduite en plâtre. Laboulaye et Bartholdi imaginaient-ils que leur idéal ferait le tour du monde, de Paris à New York et Pékin ?

. La statue de la Liberté appartient au National Park Service depuis 1933. Il s’agit d’une agence fédérale américaine en charge de la protection des parcs nationaux, des monuments nationaux, et autres sites historiques d’intérêt national. Depuis 1924, elle est classée « Monument national » des États-Unis, puis a été enregistrée au registre national des sites historiques. En 1976 elle entre aux sites remarquables de New York et depuis 1984 elle fait partie du patrimoine mondial de l’Unesco. Et mérite bien son surnom de « Grande Dame ».

 

LA STATUT EN CHIFFRES

 

46.05 mètres. La hauteur de la statue, le monument atteignant 93 m avec son piédestal de 46.95.

225 tonnes. Le poids total de l'édifice se compose de 125 tonnes d'acier et 30 tonnes de cuivre. Le socle, constitué de béton et de pierres granitiques, pèse à lui seul 70 tonnes.

7,19 mètres. C’est la longueur exacte de la tablette placée dans la main gauche de la statue. Ce livret porte l’inscription « July IV MDCCLXXVI » (4 juillet 1776), date de la déclaration d’indépendance des Etats-Unis d’Amérique.

18 300 marteaux ont été utilisés par les ouvriers des ateliers Monduit, Gaget, Gauthier et Cie pour travailler les feuilles de cuivre de la structure métallique.

500 000 dollars de l'époque ont été dépensés pour construire la statue et son socle, ce qui représente 10 millions de dollars actuels, soit 8 millions d’euros.

39 kilomètres. C’était la portée du phare qui, de 1886 à 1902, était en lieu et place de la torche de Bartholdi.

354 marches : l'escalier intérieur qui emmène les visiteurs jusqu'à la célèbre couronne.

7 rayons, représentant les continents, ornent la couronne dressée sur la tête de la statue de Bartholdi.

✪ 16 : le nombre de répliques "miniatures" de la Statue de la Liberté érigées dans des villes françaises. A Paris, elle est située à l'extrémité de l'île aux Cygnes, face au pont de Grenelle, dans le 15e arrondissement. Elle mesure 11,50 m. Dans le monde, des répliques de la Statue sont visibles en Allemagne, au Brésil, au Kosovo, en chine et uen petite à Lyon... En revanche, difficile d'en trouver en Grande-Bretagne, l'ancienne puissance coloniale chassée du sol américain par la guerre d'indépendance.


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