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ESPACE LITTERAIRE : UN LIVRE, UNE HISTOIRE...

que j’allais nous construire une belle vie, remplie de douceur et d’amour. Celui qui ne fait pas mal.


125 personnalités racontent 125 victimes de féminicides


un monde où l’amour ne fait pas mal.

À ma fille, que j’appellerai ici « Nina », à ma mère, ma sœur, ma nièce,

RÉSUMÉ

125 personnalités racontent 125 victimes de féminicides Salomé avait 21 ans, était étudiante en sociologie et anthropologie, et voulait devenir institutrice. Marie-Alice, 53 ans, était chercheuse en biotechnologie et féministe convaincue. Myriam, 37 ans, était championne d’équitation, diplômée de Saint-Cyr et mère d’un bébé de 14 mois.

Gülcin, 34 ans, mère de quatre enfants, avait déposé plainte et écrit au procureur de la République. Et pourtant… En France, une femme est assassinée par son compagnon ou ex-compagnon tous les deux jours et demi, soit en moyenne 125 femmes par an. Qui sont-elles ? Quelle est leur histoire ? Comment en sont-elles arrivées là ? Pour une fois, les victimes ont un visage. 125 personnalités de la littérature, des mondes politiques et artistiques, prennent la plume pour raconter ces vies détruites et ce que les chiffres ne disent pas. À travers l’analyse de son parcours de femme touchée par la violence et ses entretiens avec des policiers, psychiatres, avocats, associations, philosophes…, Sarah Barukh cherche à comprendre l’emprise, les schémas communs aux féminicides et le rôle de la société dans ces assassinats. Un livre hommage pour se souvenir et faire réfléchir à notre implication à tous, collectivement. 125 voix et des milliers se lèvent pour que ces meurtres cessent. "Un livre-hommage poignant qui devrait éveiller les consciences." Marie Claire "Un recueil rare dans lequel on peut lire 125 courts et magnifiques portrait de victimes." Le Parisien "Un formidable travail de mémoire." Cheek "Un livre-hommage qui, plus qu'un cri de révolte ou d'indignation, et déjà a lui seul un combat." Psychologies

 

À ma fille, que j’appellerai ici « Nina », à ma mère, ma sœur, ma nièce,

À toutes celles qui ont lutté contre l’absurde, celles qui luttent encore, À nos étoiles et à l’espoir qu’elles nourrissent en nous. À mon père, mon frère, mon beau-frère, À Ludovic, À celles et ceux qui œuvrent à construire

un monde où l’amour ne fait pas mal.


« “Anonyme”, qui a écrit tant de poèmes sans les signer, était souvent une femme. »

Virginia Woolf, Une chambre à soi

 

À propos de l’autrice Sarah Barukh a été salariée, entrepreneure, réalisatrice et romancière. Elle a mené une enquête de deux ans pour identifier et retrouver les 125 familles qui témoignent dans ce texte.




Mille mains pour raconter ce que les chiffres ne disent pas.
 

PROLOGUE


Un livre écrit à mille mains…

Ce livre n’est pas seulement un recueil de portraits de femmes mortes de la violence des hommes. J’ai essayé de le construire comme un projet de transmission, de résonance et un travail collectif de mémoire. J’ai parcouru la France et les territoires d’outre-mer pour rencontrer des familles touchées par ces crimes de genre que l’on appelle depuis peu des « féminicides ». Elles m’ont raconté leur histoire. Souvent, nous avons pleuré ensemble. Presque toujours, la fin de ces entretiens se soldait par un sentiment de douceur : alors que la société vous cantonne au récit du drame, se souvenir des bons moments, de qui était la victime, procure une forme de réconfort.


J’ai enregistré ces entretiens et envoyé les fichiers audio aux personnalités qui ont accepté de devenir la voix d’une femme qui n’en a plus. Les rédactrices de ces portraits sont désormais ambassadrices d’un récit, garantes de la transmission d’un souvenir essentiel.


Je précise qu’en acceptant de contribuer à cet ouvrage collectif, elles ignoraient qui étaient les autres participantes et n’avaient pas lu mon texte. De même pour les familles, qui n’ont découvert l’autrice du portrait de leur proche qu’à la lecture de celui-ci.


125 rédactrices qui racontent 125 femmes.


Une quinzaine de professionnels apportant leur expertise, que je nomme ici « témoins ».

Finalement, nous sommes près de 500 à avoir rédigé ce livre.


Mille mains pour raconter ce que les chiffres ne disent pas.


De quoi parle-t-on et pourquoi 125 ?

L’ONU a récemment qualifié les violences faites aux femmes de « pandémie de l’ombre ». Tout au long de l’histoire, le genre féminin s’est vu infliger des violences, au sein des institutions religieuses, scientifiques, artistiques, dans tous les conflits, des lynchages aux viols de guerre, en passant par les chasses aux sorcières, les discriminations, jusqu’au meurtre. Désormais, on désigne ces crimes par le terme « féminicide ». Inadapté pour certains, incomplet pour d’autres, que signifie-t-il au fond ?


Voici la définition du Petit Robert : « Meurtre d’une ou plusieurs femmes ou filles en raison de leur condition féminine. »


"Le mot " féminicide demeure encore absent de la plupart des autres dictionnaires, ainsi que du droit français. L’association Osez le féminisme apporte une précision : « En considérant les meurtres de filles à la naissance, la sélection prénatale, les tueries de masse et crimes d’honneur ainsi que les femmes tuées par leurs conjoints, ex-conjoints ou par des inconnus dans la rue, la violence machiste est la première cause de mortalité des femmes de 16 à 44 ans dans le monde. »


La notion de féminicide n’inclut donc pas les femmes qui cèdent aux addictions pour oublier la violence qu’elles subissent. Ou celles qui finissent par tomber malades pour ne plus subir. Ou encore celles qui se suicident d’avoir perdu tout espoir d’en sortir. Ce terme englobe en revanche les maris qui abrègent les souffrances de leur épouse, quand bien même elle le leur aurait demandé.


Féminicide : est un terme qui permet de définir et identifier une problématique mais qui du coup, peut en créer d’autres. Il faut en avoir conscience. Ceci dit, le débat sur le mot ne saurait éluder les faits.


Rien qu’en 2020, 47 000 femmes et filles ont été tuées à travers le monde par leur partenaire, ou un membre de leur famille. 1 toutes les 11 minutes. En moyenne, 1 femme est tuée par son partenaire tous les 2,5 jours en France, soit 125 féminicides à déplorer chaque année.


Selon les chiffres officiels :


20 sur 125 ont moins de 30 ans

66 ont entre 30 et 50 ans 38 ont entre 50 et 70 ans 22 ont plus de 70 ans Les modes opératoires répertoriés sont proportionnellement les suivants :

30 % des femmes sont tuées par arme blanche

28 % par arme à feu

18 % sont étouffées

10 % sont battues à mort 3 % sont brûlées vives


Les autres femmes tuées ont été généralement noyées, défenestrées, ou torturées à mort.

Plus largement la notion de violences faites aux femmes englobe : Les violences domestiques (coups, violences psychologiques, viol conjugal, féminicide) Le harcèlement ou les agressions sexuelles (viol, avances sexuelles non désirées, harcèlement dans la rue, cyberharcèlement)


Le mariage précoce et forcé Les mutilations génitales féminines

Le trafic d’êtres humains (esclavage, exploitation sexuelle)

Les chiffres là aussi sont éloquents :

En France, 1 femme sur 6 fait son entrée dans la sexualité par un rapport non consenti

1 femme sur 3 dans le monde a subi au moins une fois des violences physiques et/ou sexuelles de la part d’un partenaire (30 % des femmes de plus de 15 ans) Plus de 1 femme sur 2 a déjà subi une violence sexuelle en France.

Dans 91 % des cas, les agresseurs sont les partenaires, les amis, les frères, les collègues


Pourtant, une fois que l’on sait cela, que sait-on vraiment ?

Que représentent ces chiffres ?

Qui sont ces femmes dont ils parlent ? Comment en sont-elles arrivées là ?


Est-ce que votre mère, votre fille, votre sœur, votre amie, votre collègue est concernée ?

Si l’on en croit les effarantes proportions, forcément, oui…

Alors il est temps de donner corps, visage et âme à ces statistiques pour qu’elles trouvent enfin une résonance dans les esprits et les cœurs. On ne s’identifie pas aux chiffres mais aux histoires. On ne se reconnaît pas dans des faits divers mais dans des chemins de vie qui peuvent faire écho au nôtre.

À présent, vous allez découvrir ce que représente réellement une « année moyenne » de féminicides en France.


125 mortes en somme, « plus ou moins ».

Au moment d’écrire ces lignes, j’ai 41 ans et une petite fille de 3 ans. Je n’ai jamais manqué de rien. J’ai une famille qui m’aime. J’ai toujours eu un endroit où aller. J’ai fait de bonnes études. Je suis indépendante. Je suis écrivaine. Je sais m’exprimer, réfléchir, me faire comprendre. Alors pendant des années, je me suis convaincue que je n’avais pas le droit de me plaindre. Que je ne pouvais pas être une victime. Pas moi. Je hais ce mot d’ailleurs, . Je déteste me sentir à l’étroit. Et il me semble que certains mots vous emprisonnent.


Pourtant, un matin, il a bien fallu que j’admette que ma situation devenait critique et que prisonnière, je l’étais, avec ou sans mot pour le dire. Depuis des mois, j’avais quitté le lit « conjugal » pour coucher dans la chambre de ma petite fille, parce qu’il ne fallait pas prendre le risque de bouger en dormant, de respirer trop fort ou de me retourner. Si je « le » réveillais la nuit, si je perturbais son sommeil, il devenait fou, alors autant éviter les provocations.


Le bruit de la chasse d’eau des toilettes à l’autre bout de la maison, ça le dérangeait aussi. Si je la tirais en fin de matinée alors qu’il se reposait encore, je me heurtais à une colère noire où se succédaient des cris, des bousculades et parfois des menaces de mort.


Ce matin de printemps donc, j’avais eu une idée brillante qui devait m’éviter de futurs conflits : j’avais caché un saladier dans l’armoire, derrière les langes du bébé. Pot de chambre original, le saladier était suffisamment grand pour que je puisse m’en servir trois fois sans me rendre aux W.-C. du couloir. Selon mes calculs, si je ne buvais pas trop, je pouvais tenir jusqu’à ce qu’il se lève. Et je m’étais retrouvée là, au milieu de la chambre de ma fille qui me fixait, à pisser dans un plat qui, la veille, avait servi à apporter les pâtes à table. Le soulagement n’avait que peu duré. Mauvaise estimation… Mon urine avait débordé. À genoux, j’avais épongé le sol avec des couches, frotté avec des lingettes les lattes du parquet souillées.


Ma fille riait de me voir m’agiter et tentait de ramper jusqu’à cette curieuse flaque en revenant à la charge chaque fois que je lui barrais le passage.


C’était ridicule. Pathétique. J’étais couverte de pisse. J’urinais dans un saladier trop petit pour ne pas avoir à me servir des toilettes, parce que ça dérangeait le père de mon enfant.


Je me suis mise à pleurer d’en être arrivée là.

J’avais peur qu’il me surprenne.


Je me suis alors demandé ce que je ferais le jour où ma fille n’aurait plus de couches pour me sauver. Il s’est réveillé trop tard pour se rendre compte de quoi que ce soit. J’avais eu le temps de tout nettoyer et de cacher de nouveau le saladier pour le lendemain.


L’inévitable dispute du début de journée avait éclaté peu après, pour je ne sais quelle raison. En général, parce qu’il restait quelques miettes de pain sur la planche à découper, ou une légère trace de doigt sur le couvercle en métal de la poubelle. Il s’était levé furieux à l’heure du déjeuner de la petite et il m’avait forcée, comme presque chaque jour, à l’écouter attentivement m’insulter. Je l’avais supplié de me laisser rejoindre ma fille. La pauvre hurlait, apeurée par les cris, les bruits d’objets lancés, et de corps que l’on bouscule. Mais il m’avait barré le passage : gueuler sa colère l’emportait sur tout. Avant d’être autorisée à bouger, il était capital que je lui demande aussi pardon d’être celle que j’étais. J’entendais mon enfant démunie et je me suis dit : C’est pas possible ce qu’il fait subir à la mère de Nina


Puis je me suis figée, saisie par l’évidence : j’avais oublié que la mère de Nina, c’était moi. « Dissociation », m’expliquera-t-on. Quelques semaines plus tard, un soir de juin, je suis partie au milieu de la nuit, hagarde, mon bébé dans les bras.


J’ai rassemblé à la hâte les doudous, deux biberons, quelques jouets et ses livres préférés. Tout tenait dans trois sacs plastique je crois. Je ne sais plus s’il faisait chaud. Il me semble que je portais un manteau. J’ignore l’heure exacte qu’il était. Je me souviens du regard perdu de ma fille, qui cherchait à comprendre ce qu’elle faisait dans cette voiture la conduisant au milieu de la nuit noire, loin de chez elle. Je ne voulais pas qu’elle grandisse dans l’idée que cette violence était normale ni même acceptable. Alors je lui ai promis que tout irait bien, que « ça » n’arriverait plus, que j’allais nous construire une belle vie, remplie de douceur et d’amour. Celui qui ne fait pas mal...

 

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