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Photo du rédacteurJoseph Polidori & Alexia Pierre-Pont

SERIE CULTE : LA CROISIERE S'AMUSE !

En 1977, La croisière s’amuse nous embarquait à bord de Pacific Princess, pour un divertissant voyage de 9 saisons.


40 ans après, La Croisière s’amuse reste une série marquante – moins pour ses intrigues et son histoire que pour l’image qu’elle a laissée. Même si l’on a jamais vu le moindre épisode, on la connaît tous de nom, et son générique est dans toutes les mémoires. Mais elle fait aussi figure de symbole : par l’incroyable impact qu’elle a eu sur le marché des croisières, La Croisière s’amuse est un bon exemple de la manière dont la télévision en général et une série en particulier peuvent influer sur les habitudes de consommation des téléspectateurs. Alors, vous montez à bord ? Ne serait-ce que le temps de quelques épisodes…


Le personnel de bord est prêt à tout pour faire triompher l’amour, en facilitant les rapprochements sentimentaux et les réconciliations des couples, avant la fin du voyage…


C’est quoi, La croisière s’amuse ? Emmené par le capitaine Stubing (Gavin McLeod), l’équipage du paquebot le Pacific Princess est au service de ses passagers, embarqués pour une croisière de luxe sur l’océan pacifique. Au gré des romances et situations cocasses, le personnel de bord est prêt à tout pour faire triompher l’amour, en facilitant les rapprochements sentimentaux et les réconciliations des couples, avant la fin du voyage…

Diffusée et rediffusée en France sur TF1 puis FR3 (entre autres) de 1980 à 2006 (!!), La Croisière s’amuse apparaît au public d’aujourd’hui comme une série vieillotte et désuète. Il est fort probable que nos jeunes lecteurs n’ont même jamais vu un seul de ses 249 épisodes. Pour autant, on connaît tous le générique, mythique : interprétée par Jack Jones, la chanson-titre est restée l’une des plus célèbres de l’histoire de la télévision.



A l’origine de La Croisière s’amuse (Titre original : The Love Boat), on retrouve un nom bien connu des fans de séries : le super-producteur Aaron Spelling (Starsky & Hutch, Drôles de Dames, Berverly Hills etc.), sorte de Roi Midas de la télévision qui transforme en or tout ce qu’il touche. En 1976 , le téléfilm qu’il produit d’après les mémoires de Jeraldine Saunders, directrice d’une société de croisières, ne fait pas exception à la règle. Le succès d’audience incite ABC à commander une série dérivée : The Love Boat, donc, est lancée à l’automne 1977. Si les critiques font la fine bouche, le public embarque dès le départ, pour un voyage qui durera 9 saisons.



Chaque épisode est construit sur le même schéma, avec trois histoires indépendantes qui s’entrecroisent, sans autre lien entre elles que le cadre du bateau. Ces trois intrigues sont écrites et réalisées par des scénaristes et cinéastes différents, avant d’être entremêlées lors du montage. D’un épisode à l’autre, ces trois récits sont en général très similaires : le premier adopte le ton de la comédie légère et met en scène les membres de l’équipage ; le deuxième raconte la brève histoire (le plus souvent romantique) d’un membre du personnel avec un passager ; le troisième, toujours romantique mais un peu plus sérieux et dramatique, concerne la relation de deux passagers (un couple qui se dispute ou deux voyageurs attirés l’un par l’autre).


Tout commence toujours de la même manière, avec l’embarquement des passagers. La séquence présente ainsi les personnages de la semaine et les prémices des différentes intrigues. Et on termine toujours de la même manière, avec le débarquement de ces mêmes passagers. On assiste alors au dénouement des différentes histoires, qui se concluent par la résolution des problèmes sentimentaux et des peines de cœur, grâce à l’intervention de l’équipage. A noter une différence de taille entre la version originale et la version française : la disparition des rires enregistrés, supprimés lors du doublage, atténue le ton comique au profit de la bluette romantique.


Personnages fixes, au contraire des passagers qui par définition changent d’un épisode à l’autre, les membres de l’équipage font figure de… point d’ancrage. Au commandement du paquebot, on retrouve le capitaine Stubing (excellent Gavin McLeod), avec à ses côtés le docteur surnommé Doc (Bernie Koppell), le chef de cabine Gopher (Fred Gandy qui, pour l’anecdote, s’est ensuite lancé en politique et a été élu au congrès), le barman Isaac Washington (Ted Lange) auprès de qui se confient tous les passagers et dont le rôle consiste à servir des cocktails, et la responsable des activités Julie McCoy (Lauren Tewes). Sympathiques et efficaces, tous se mettent en quatre pour contenter les passagers, rendre leur voyage inoubliable et les aider à résoudre leurs problèmes de cœur. A partir de la saison 2, la fille du capitaine (Jill Wheelan) embarque sur le Pacific Princess – la gamine est, avouons-le, une petite pimbêche assez insupportable…


Le casting principal n’a guère évolué au cours des 9 saisons, avec seulement deux changements notables. D’abord la substitution en 1984 de Lauren Tewes, tombée dans les affres de l’addiction à la cocaïne, par une autre jolie blonde, Pat Klous, qui joue le rôle de sa sœur Judy, au même poste de chef de croisière ; ensuite, l’arrivée en saison 7 de Ted McGinley (le Jefferson de Mariés, Deux Enfants) qui joue Ace, le photographe de bord. Très populaires à l’époque, les acteurs ont ensuite poursuivi leurs carrières respectives avec plus ou moins de succès – en général, plutôt moins que plus, la plupart étant cantonnés au même type de rôles.


Mais que serait un navire de croisière sans voyageurs ?! Paquebot de luxe, le Pacific Princess peut se vanter d’avoir accueilli à son bord des passagers prestigieux et l’un des attraits de la série (d’aucuns diraient le seul…) réside dans la quantité phénoménale de stars apparues à l’écran, dont la liste a de quoi faire… chavirer ! Vous êtes prêts pour une séance de name-dropping ? C’est parti ! Gene Kelly, Vincent Price, Peter Lawford, Douglas Fairbanks Jr., Telly Savalas, Leslie Nielsen, Patrick MacNee, Raymond Burr, Ginger Rogers, Cyd Charisse, Olivia de Havilland, Janet Leigh, Joan Collins, Zsa Zsa Gabor, Anne Baxter. Vous en voulez encore ? Outre ces acteurs célèbres, bien d’autres personnalités ont fait escale à bord du paquebot – et notamment des stars de la chanson comme Sonny Bono, Cab Calloway, Ella Fitzgerald, The Temptations, Janet Jackson ou les Village People. Plus surprenant encore, Andy Warhol lui-même a fait partie des passagers.


Pour illustrer ce who’s who hollywoodien, il a bien fallu retenir une séquence en particulier : on a choisi celle de la légendaire Ginger Rogers, qui illustre notamment comment la présence d’étoiles de la comédie musicale permettait à la série d’introduire des numéros musicaux.

Voilà pour les vedettes de l’époque. Mais pour les plus jeunes, sachez que des acteurs bien connus aujourd’hui ont fait leurs premiers pas dans la série. Au risque de frôler l’overdose de noms, cette liste aussi tient de la litanie : Tom Hanks, Billy Crystal, Mark Harmon, David Hasselhoff, Lee Majors, Tony Danza, Erik Estrada, Bob Crane, Jamie Lee Curtis, Joanna Cassidy, Kirstie Alley, Kathy Bates, Linda Blair, Tori Spelling (fille de…), Donna Mills, Heather Locklear… On pourrait continuer comme ça pendant longtemps. A titre d’exemple, l’inconnue Teri Hatcher a décroché son premier rôle récurrent dans la série : la future Desperate Housewife est apparue dans l’ultime saison, en tant que danseuse / sirène dans un corps de ballet.


ça alors, regarde qui joue dans La Croisière s’amuse !

Les stars de l’époque qui faisaient une apparition étaient en général d’anciennes vedettes qui s’offraient un petit rôle à la télévision, ou des acteurs d’autres séries qui utilisaient La Croisière pour s’illustrer dans le registre comique, et montrer qu’ils étaient capables de jouer autre chose que leur rôle habituel. Ces apparitions plus ou moins insolites faisaient toujours leur petit effet : ça alors, regarde qui joue dans La Croisière s’amuse ! Ces caméos (ainsi que quelques crossovers, par exemple avec Drôles de Dames ou L’île Fantastique) compensaient du reste la prévisibilité d’intrigues répétitives et très faibles, la série, bien que légère et divertissante, ne s’étant jamais illustrée par sa richesse ou son inventivité.


Avec son ambiance de luxe et d’exotisme, la série a toutefois eu un effet inattendu : elle a revitalisé l’industrie des croisières, en redéfinissant l’image que le public en avait. Les spectateurs visés – soit un public classique voire âgé, qui passait le Samedi soir devant sa télé et se réjouissait de retrouver à l’écran les stars du cinéma de sa jeunesse – représentaient précisément la cible des compagnies de croisière, qui n’auraient pu rêver meilleure publicité.


Comme son titre l’indique, La Croisière s’amuse : ces voyages jusque là perçus comme guindés et élitistes apparaissaient soudain amusants et accessibles. Gigantesque spot publicitaire, la série a démocratisé et popularisé les croisières aux yeux de spectateurs qui, soudain, ont été tentés par des vacances à bord d’un paquebot, attirés par l’image que leur renvoyait la télévision. On pourrait croire que cet impact n’a eu qu’un effet modéré; en réalité, la croissance a été exponentielle à partir de la diffusion et le succès a fait boule de neige. En 1970, 500 000 passagers ont embarqué pour une croisière ; il étaient plus de 4 millions en 1990… Et qui mieux que les acteurs de La Croisière s’amuse pour attirer les voyageurs ?!


Imperturbablement, le Pacific Princess a poursuivi ses croisières sans jamais rien changer au déroulement des épisodes ou à la construction des intrigues. Et le navire est resté à flots jusqu’à la saison 8, à partir de laquelle les audiences ont commencé à plonger – peut-être en raison de la lassitude du public, mais aussi parce que les fameux guests étaient moins prestigieux qu’auparavant… La croisière s’amuse encore dans une neuvième et ultime saison, avant d’être annulée et de rentrer au port.


La série ne reste pourtant pas à quai définitivement : en 1990, l’équipage est réuni sur CBS, dans un téléfilm faisant office de suite, The Love Boat : a Valentine journey. Puis c’est UPN qui tente de relancer le navire en 1998, avec un reboot : La Croisière s’amuse, nouvelle vague. A bord du Sun Princess, le capitaine Jim Kennedy (Robert Urich) est désormais aux commandes – mais pour une seule saison, le résultat frôlant le naufrage. A titre de curiosité, citons tout de même l’épisode Reunion (S2E04), bien nommé puisqu’il rassemble une dernière fois plusieurs acteurs de la série originale. (source media.fr) (https://fr.wikipedia.org/)


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