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TRIBUNE : Approche morale du pass sanitaire

Approche morale du pass sanitaire


En revanche laisser les non-vaccinés tranquilles car si le vaccin est vraiment efficace, de quoi les vaccinés ont-ils peur en laissant les non-vaccinés dehors ? Seuls les non-vaccinés courent un risque et s’ils veulent le prendre, selon un principe de précaution tout à fait louable, qu’on les laisse en paix…

Une tribune du Père Olivier Nguyen directeur de l’institut alliance Plantatio

et de Roselyne Legall docteur en philosophie spécialisée en bioéthique


TRIBUNE

La volonté étatique de mise en place d’un pass sanitaire pose de graves questions éthiques. Pourquoi le gouvernement le met-il en place ? La raison avancée explicitement est de permettre de limiter ainsi les cas de contamination, en demandant à ceux qui fréquentent les lieux publics de pouvoir attester qu’ils sont exempts de toute possible transmission. Or, rien n’est moins clair actuellement, sans parler des cas de personnes vaccinées infestées. De plus, c’est aussi bien évidemment pour le gouvernement, de façon un peu plus implicite, l’occasion de faire accélérer les indécis à se faire vacciner. Or, dans le cas présent, sur ce « vaccin » qui ne bénéficie que d’une autorisation conditionnelle de mise sur le marché reconnue par les fabricants eux-mêmes, cette mise à pied systématique des « non-vaccinés » ou « non-injectés » par des substances qui n’ont pas encore fait leur preuve paraît tout à fait illégitime. On est tout à fait dans son droit de vouloir participer à un vaste protocole expérimental. De là, à ce qu’il soit imposé, c’est déroger à toutes les règles élémentaires de prudence. Comment dès lors éclairer nos lecteurs croyants ou qui cherchent la vérité sur la valeur morale du pass sanitaire ? Il rencontre tout d’abord cinq grands écueils qui en déterminent le caractère intrinsèquement mauvais, voire peccamineux sur le plan d’une structure de péché qui se met en place. Nous regarderons ensuite en quoi la Bible peut nous éclairer. Enfin, nous terminerons par un appel à l’action.




Cinq raisons qualifiant le pass sanitaire de moralement mauvais En effet, tout d’abord, la liberté de conscience n’a pas de prix :


elle ne peut être enfreinte même au prix d’un soi-disant bien commun car elle relève du plus intime de la personne humaine. En effet, nulle personne ne peut se voir contraindre d’accepter un médicament ou un vaccin entrant dans son corps par la force. Or établir un pass sanitaire avec des conditions concrètes qui atteignent à la vie sociale des personnes dans ce qui fait leur vie quotidienne revient à l’imposer de force. La liberté de conscience est si forte que l’Église enseigne que même si une personne se trompe, elle doit encore suivre la voie de sa conscience qui lui indique de faire ou de ne pas faire telle chose. On pourrait répondre à cela qu’il est des cas où l’autorité publique doit préserver de force la vie des personnes si celles-ci ne sont pas éclairées et risquent ainsi leur vie. Ceci est vrai si cette autorité publique est concrètement sûre de réaliser par ce biais-là la survie de la personne, ce qui n’est pas du tout le cas en ce qui concerne un vaccin dont l’implémentation s’apparente à une immense expérimentation.

D’autre part, si c’est pour veiller à la survie des autres personnes qui sont vaccinées, pourquoi imposer à ceux qui refusent le vaccin de le recevoir si ces premières personnes sont protégées ?


L’implémentation du pass sanitaire semble bien être l’aveu de l’échec de la vaccination. Si tant de personnes sont descendues dans la rue pour défendre leur liberté de conscience, c’est qu’elles perçoivent au-delà de leurs propres intérêts que la balance bénéfice/risque appliquée au pass sanitaire n’a pas de sens car la considérer revient à abdiquer de sa liberté propre. En défendant cette liberté de conscience du personnel soignant, du personnel de restauration, de celui des transports publics, l’Église défend sa propre liberté de pouvoir permettre à ses représentants, les prêtres ou les fidèles envoyés en mission, de continuer à aller rencontrer les personnes vulnérables en toute liberté de choix ou pas du vaccin. Car il ne faut pas se tromper : démissionner sur le soutien à l’exercice de cette liberté de conscience par des catégories sociales de la population, c’est s’empêcher, le temps voulu, à défendre sa capacité à refuser le pass sanitaire pour l’entrée dans les églises. Mais au-delà de cette atteinte à la liberté de conscience, il est un risque aussi grand qui est pris par l’adoption du pass sanitaire pour les actes de la vie quotidienne.


Celui d’accepter d’entrer dans une société où sa liberté de mouvement et de choix de santé sont régies par l’État.


En forçant des personnes à recevoir le vaccin, on les fait tacitement accepter un système plus large où elles remettent l’exercice du consentement éclairé à un État qui prend les décisions à leur place. En faisant accepter de force le vaccin, on rend ces personnes complices du système lui-même puisqu’on pourra leur rétorquer qu’elles n’ont pas eu la force de résister à ce qui leur paraissait mauvais parce qu’elles ont vu finalement dans la vaccination un avantage : celui au moins d’acheter son confort, son travail, sa liberté dans la vie quotidienne. La personne ainsi vaccinée contre son gré mais en même temps par un choix final qui lui revient vient ainsi alimenter le système de la mise en place d’un État qui décide pour nous-même in fine en termes de santé publique. La subtilité du pass sanitaire réside dans le fait de contraindre tout en remettant l’ultime responsabilité à celui qui choisit d’être vacciné, permettant ainsi la croissance d’un cadre où tous ceux qui sont vaccinés vont avoir tendance à défendre le système d’un État qui décide pour nous. Sur le plan théorique, la personne accepte ainsi d’être contrôlée publiquement par l’État au niveau de ce qui normalement constitue l’exercice du droit à la santé et au secret médical. Là encore, l’Église a le devoir d’alerter les consciences lorsque l’exercice de la liberté est gravement remis en question par une démission de sa responsabilité au profit d’un jugement étatique auquel on se soumet.

Par ailleurs, la personne qui accepte le pass sanitaire ne fait pas qu’accepter de remettre son statut sanitaire à l’État, elle accepte aussi de participer à la construction d’une société de contrôle où ses mouvements font l’objet d’une mémorisation numérique.


Elle accepte clairement la technologisation de la manière d’être contrôlée puisqu’elle remet son état sanitaire à un QR code qui peut être lu en tout temps, en tout lieu et qui devient ainsi son passeport. L’humanité de la personne s’efface ainsi au profit d’un statut numérique qui est celui d’être vacciné ou pas. Si le pass sanitaire devient concrètement un moyen d’accéder à des lieux de vie particuliers qui font notre vie quotidienne, il réduit et soumet la personne qui le détient à un état sanitaire qui vient en quelque sorte constituer le premier niveau de son identité : est-elle protectrice ou dangereuse pour elle et ses concitoyens. Ce qui paraît primer, ce n’est pas d’abord son statut d’homme libre, mais son état sanitaire par rapport à ce virus. Arendt avait finement analysé[1] qu’on puisse glisser facilement vers le mal sans s’en rendre compte à force d’accepter de petits compromis car on voit ces derniers dans leurs rapports pratiques d’efficacité et parce qu’ils se situent dans un processus global illisible. Selon elle, c’est un manque d’effort de pensée qui permet d’accepter l’horreur. Au niveau du processus lui-même d’acceptation des petits maux à l’intérieur d’un mal bien plus grand, il y a quelque chose de semblable dans l’acceptation du pass sanitaire : pour des raisons pratiques, il semble acceptable et efficace, il est cependant sur le plan moral très déshumanisant car il insère la liberté humaine dans un paradigme d’une société de contrôle. Cela demande un effort important de s’opposer à cette société de contrôle qui se met en place imperceptiblement mais c’est maintenant qu’il faut agir car les libertés perdues ne pourront plus être retrouvées de la même manière. Là où la liberté commence à disparaître en se soumettant à un système de contrôle, là se trouvent les germes d’un totalitarisme que l’Église a le devoir de mettre en lumière si l’État dans le feu de l’action n’arrive pas à les déceler.

Il est une quatrième raison qui qualifie la nature mauvaise du pass sanitaire : celle de diviser profondément la société.


S’il apparaît au Conseil d’État logique sur le plan du confort de chacun qu’un pass sanitaire vaut mieux qu’on confinement[2], sur le plan du vivre ensemble et de l’égalité due à chacun, un confinement limité vaut mieux qu’un pass sanitaire à moyen et long terme pour l’édification d’une société respectueuse de chacun notamment des plus faibles. Comment peut-on en effet demander à une personne déjà très malade pour des raisons de déficience du système immunitaire de se faire vacciner pour entrer à l’hôpital alors qu’elle a besoin de soin et que le vaccin pourrait aggraver son cas ? Tant de personnes de catégories de la population se voient ainsi contraintes d’accepter sur fond d’une aigreur très forte ce qu’ils ne veulent pas. L’Église ne peut accepter que certaines personnes perdent leur emploi parce qu’elles ont estimé que la santé valait mieux que le travail selon leur conscience la plus intime. Le pass sanitaire crée l’occasion de blessures profondes au cœur de la société française en montant les gens les uns contre les autres et en donnant l’impression que les antivaccins seraient la cause de l’échec de sortie de crise. C’est en faisant en sorte que les citoyens retrouvent confiance dans la parole de l’autorité politique[3] qu’on permettra à la nation de retrouver les conditions de son unité dans la lutte contre l’épidémie.

Enfin, la dernière raison mise en évidence est la participation par le pass sanitaire à l’établissement d’une société transhumaniste




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